Introduction : concepts et définitions du Bien-Etre du point de vue de l’éthologiste et du physiologiste

Le concept de bien-être animal, introduit récemment en biologie, rejoint les notions plus classiques utilisées par les éthologistes et les physiologistes, à savoir les notions d’adaptation pour les premiers et de stress pour les seconds (Cannon, 1935; Selye, 1973; Dantzer et Mormède, 1979). Différentes définitions sur le bien-être sont utilisées. L’une d’elles est basée sur l’harmonie de l’individu avec son environnement, associant santé physique et mentale, sous-tendant la satisfaction de besoins ou d’une motivation pour certains éléments de l’environnement (espace, sources nutritives, partenaires sociaux), ou la réalisation de comportements d’ordre physiologique et social (Hughes et Duncan, 1988; Toates et Jensen, 1991; Fraser et Duncan, 1998). La définition de Broom (1987) renvoie à la notion d’adaptation, le bien-être de l’animal étant associé à un état qui demande le minimum d’effort pour que l’animal s’adapte à son milieu de vie. Un autre volet fait référence à l’absence de souffrance ou de sensations désagréables telles que la peur, la douleur, la frustration (Dawkins, 1983), mais aussi à l’existence de sensations positives (Simonsen, 1996). Ces différentes définitions sont complémentaires les unes des autres et permettent de décliner le concept de bien-être par 1/ l’absence de souffrance (faim, soif, douleur, peur) 2/ le fonctionnement normal de l’organisme (absence de maladies, blessures, malnutrition), 3/ l’existence d’expériences positives (confort physique, expression des comportements propres à l’espèce). Sous une forme plus schématique, Veissier et Boissy (2002) décrivent la dynamique du concept de bien-être, alliant adaptation, harmonie et souffrance (figure1).

Au-delà de cette grande diversité de concepts, le bien-être fait référence à l’état psychologique subjectif de l’individu par rapport à son environnement interne et externe. Puisque nous ne sommes pas encore capables de lire directement les sensations et les émotions de l’animal, nous en sommes réduits à les inférer de l’analyse de leurs manifestations objectives, en particulier physiologiques et comportementales, qui ont été étudiées dans le contexte de la psychobiologie des émotions, du stress et de l’adaptation (Dantzer et Mormède, 1979, 1983).